Débarquement sur la glace de mer en novembre 2014

Les difficultés posées par la glace de mer depuis 2011 et en particulier au cours de la saison 2013-14, où pour la première fois depuis le début des expéditions en Terre Adélie, la glace de mer n’avait pas cédé avec la venue de l’été, nous avaient obligés à revoir tout le processus opérationnel du début de campagne.

 

C’est un lieu commun certainement de rappeler que le carburant est le nerf de toute activité. Les livraisons de la saison 13-14 ayant juste permis aux hivernages de Concordia et de Dumont d’Urville de se tenir sans trop de restrictions, il avait prévu de débarquer du carburant dès la rotation d’octobre, notamment pour que Concordia soit livré avant la fin de l’année (deux raids au minimum sont nécessaire pour alimenter Concordia mais pour que le second puisse se faire, le premier doit partir avant le 20 décembre).

 

 

La préparation technique de cette opérations de débarquement de carburant avait couvert plusieurs hypothèses. A coté d’une débâcle avancée pure et simple qui aurait pu se produire, trois axes d’action ont été envisagés : un débarquement par hélicoptère, un débarquement sur la glace de mer, un débarquement en un point différent de la côte suivant les facilités d’accès. Suivant ces 3 hypothèses, de l’outillage et des matériels spécialisés avaient été acquis en conséquence en 2014 : des citernes souples de 12m3 destinées à être posées sur des tapis de traction (afin de transférer le carburant en surface de la glace de mer), des citernes souples de stockage pour un volume total de 260m3 afin de constituer un dépôt provisoire en un autre point du continent, des citernes héliportables souples de 1200 litres au cas où les transferts hélicoptères aient du être conduits. Nous nous étions préparés à mettre en œuvre toutes ou parties de ces solutions. Par sécurité, deux spécialistes, l’un de la glace continentale, l’autre de la glace de mer on été ajoutés à l’équipe d’octobre afin de détecter pour l’un les crevasses potentielles de nouvelles zones de circulation sur les glaciers du continent, pour l’autre l’épaisseur et les défauts de glace de mer.

 

 

Finalement, le navire (l’Astrolabe I armé par P&O maritime) est arrivé dans la proximité de Dumont d’Urville le 31/10 à 76km de la station. Les opérations de transfert ont commencé de suite en alternance avec les jours de mauvais temps, nombreux a cette époque. La banquise a été repérée, et le spécialiste de la glace de mer a pu sonder les zones douteuses repérées auparavant par hélicoptère. Au vu des enregistrements le débarquement via la glace de mer a été décidé le 5 novembre. Le temps de disposer l’équipement et quelques jours de mauvais temps plus tard, le premier transfert a eu lieu le 09/11. Au vu de la distance, il a été décidé de créer un dépôt intermédiaire à mi chemin entre le navire et la station (environ 35km). Les opérations avec le dépôt ont continué jusqu’au 18 novembre, date ou le tout le carburant chargé (305m3) à Hobart a été totalement transféré.

 

Le navire a appareillé vers le nord le 19. Par la suite le carburant du dépôt a été repris puis transféré vers Cap Prudhomme et vers la Station. L’Astrolabe est rentré à Hobart le 25/11.